Zombie Satellites – Figures

Série de portrait des 31 satellites zombies qui errent et qui chantent encore dans l’espace.

Extrait du texte Television InfraRed Observation Satellite d’Aram Kebabdjian pour la revue Sève

[…One pill makes you larger And one pill makes you small And the ones that mother gives you Don’t do anything at all Go ask Alice When she’s ten feet tall…

Jefferson Airplane “White Rabbit”, 1967

Quatre heures après avoir pris mon premier trip d’acide, le 31 juillet 1966, j’étais en contact avec la réalité une minute pour perdre le contrôle la seconde d’après. L’expérience psychédélique est ainsi faite — c’est un peu comme se tenir entre la mort et la renaissance. Je flotte au-dessus du langage, de l’espace et du temps, dans un nuage profond. Les idées se bousculent. Mes amis ne sont pas loin. À plusieurs reprises, ils m’empêchent même de quitter l’appartement.

Dans la vraie vie, je m’appelle Vernon Cox Powell. Je suis technicien radio pour l’armée américaine, j’ai vingt ans et je m’intéresse beaucoup aux satellites. Je considère que ces machines sont les dépositaires d’une forme de savoir archaïque. Je les imagine flotter dans les airs au milieu des constellations, des cerfs, des daims, des taureaux et autres animaux psychopompes — ou comme de petits dieux qui nous orientent ou nous accablent.

L’un d’entre eux s’appelle TIROS. Ça veut dire Television InfraRed Observation Satellite — c’est une série de satellites de reconnaissance météorologique lancés au tout début des années 60. Mais Týr, dans la mythologie nordique, est le dieu de la guerre stratégique et du ciel. Tarhu, pour les Hittites, est le Dieu de l’Orage — une figure « météorologique » qui commande la pluie, la tempête, le tonnerre et les éclairs. De fait, TIROS X a observé les ouragans et les tempêtes les plus violents au monde. Il a concouru à l’effort de guerre, et je le considère, très sérieusement, comme le véhicule qui me guide à travers le monde des morts….]


édité dans la Revue Sève et pour le livre Objective Earth au Presse du réel dans le cadre de l’exposition Space is the Place au Mudac.