Corps de Métier
Corps de métiers n’est pas sans rappeler les objets rituels telles les coupes de bienvenue des corporations. Le laser rouge perpendiculaire à son support dirige l’intention de l’installation.
Vertical, il coule sur elle comme le vin dans le hanap. Il est ensuite distribué simultanément et horizontalement sur la pierre, la terre, le bois, le verre, le cuir, le papier, le métal et le textile pour projeter leurs caractéristiques physiques dans une légère brume. Ainsi éclairées, ces matières donnent à voir, comme des échantillons d’épiderme, un organisme vivant sur cet écran naturel en mouvement. Dispositif composé de trente-deux éléments d’orfèvrerie qui organisent la diffusion d’un rayon lumineux à travers les huit matériaux représentés sur le hanap de Lucien Falize, Corps de métiers développe sa conception des métiers d’art sur les notions associées de collectif et d’individualité. Ce sont cette association et cette dissociation des métiers qu’incarnent le plateau repercé et les composants de l’objet.
Il propose une lecture intemporelle des métiers d’art et fige sa narration sur l’essence même de leur pratique, leur substantifique moelle. (…) La métaphore charnelle employée pour identifier l’artisan désacralise l’image d’activités vues par le seul prisme de l’outil et du savoir-faire. Elle implique une vision poétique, voire métaphysique de la relation de l’artisan d’art au matériau et à la connaissance qu’il en a pour sublimer sa transformation et imaginer des objets à supplément d’âme.
Eric-Sébastien FAURE-LAGORCE
Expositions : Musée des arts décoratifs de Paris, Triennale de Milan